Le mal-être chez les 18-25 ans connaît une hausse préoccupante, révélée à la fois par les études de santé, les témoignages des professionnels et les confidences des jeunes eux-mêmes. Cette période de transition vers l’âge adulte, traditionnellement perçue comme un moment d’énergie, de découverte et de liberté, est de plus en plus marquée par la fatigue psychique, l’incertitude et l’anxiété. Comprendre les ressorts de ce malaise grandissant est essentiel pour mieux soutenir une génération qui évolue dans un monde en pleine mutation.
L’un des premiers facteurs qui alimente ce mal-être est la pression liée à la construction identitaire. À 18-25 ans, on cherche encore à comprendre qui l’on est, ce que l’on veut devenir et quelle place on souhaite occuper dans la société. Cette quête de soi, autrefois plus progressive, se heurte aujourd’hui à des injonctions fortes : réussir tôt, avoir un projet clair, afficher une identité stable. Beaucoup de jeunes se sentent en décalage avec ces attentes, ce qui entraîne un profond sentiment d’insécurité intérieure.
Les difficultés économiques jouent également un rôle majeur. La précarité touche fortement les jeunes adultes : loyers élevés, salaires d’entrée faibles, difficultés d’accès au logement, inflation. Ces contraintes matérielles créent un quotidien incertain dans lequel chaque dépense devient une source de stress. Le sentiment de « devoir se débrouiller seul » dans un contexte peu favorable peut générer une fatigue psychique constante.
Les relations sociales, pourtant essentielles à cet âge, connaissent aussi de profondes transformations. Les 18-25 ans naviguent entre amitiés mouvantes, relations amoureuses parfois instables et départs successifs liés aux études ou au travail. Si certains parviennent à s’entourer, beaucoup affrontent une solitude plus ou moins silencieuse. Or, le manque de soutien émotionnel est l’un des principaux moteurs du mal-être mental, surtout dans un moment de vie où les repères sont encore fragiles.
Le numérique, omniprésent, est un autre facteur clé. Les réseaux sociaux amplifient les comparaisons, créent des normes de réussite irréalistes et exposent les jeunes à une vision filtrée du monde. À cela s’ajoutent la surcharge d’informations, la disponibilité permanente et l’incapacité croissante à décrocher. Cet environnement hyperconnecté maintient les 18-25 ans dans un état d’alerte psychique qui érode progressivement leur bien-être.
Les inquiétudes liées à l’avenir pèsent également lourd. Crises climatiques, tensions politiques, instabilité du marché du travail, bouleversements technologiques : les jeunes adultes évoluent dans un monde qui semble imprévisible et vulnérable. Ce contexte génère ce que certains décrivent comme une « anxiété générationnelle », un sentiment que l’avenir est obscur et que les efforts individuels pourraient ne pas suffire à changer le cours des choses. Les projets personnels deviennent alors difficiles à construire sereinement.
Il ne faut pas négliger non plus les effets des événements récents, notamment la pandémie, qui a bousculé les études, interrompu les expériences sociales et installé une forme de découragement durable. Beaucoup de jeunes ont l’impression d’avoir perdu des années importantes, d’être « en décalage » ou de devoir rattraper un temps qui ne reviendra pas. Ce sentiment collectif de rupture nourrit encore aujourd’hui une forme de vulnérabilité émotionnelle.
Par ailleurs, les 18-25 ans se montrent plus attentifs à leur santé mentale et expriment plus facilement leur mal-être. Cette évolution positive permet de mieux identifier les difficultés, mais elle met aussi en lumière des souffrances longtemps invisibles. Si la parole se libère, elle révèle l’ampleur d’un malaise déjà bien ancré.
L’augmentation du mal-être chez les 18-25 ans résulte donc d’un ensemble de facteurs : pression identitaire, fragilité économique, solitude, surcharge numérique, inquiétudes mondiales et retentissement d’événements récents. Pour soutenir cette génération, il est essentiel de renforcer les dispositifs d’accompagnement psychologique, de favoriser des environnements plus inclusifs et de promouvoir des espaces où les jeunes peuvent partager leurs préoccupations sans jugement.
Reconnaître ces causes, c’est offrir un premier pas vers une écoute plus attentive et une réponse collective à la hauteur des défis qu’affrontent les jeunes adultes aujourd’hui.